What happened

to dreams and honor ?

Le cauchemar s'approcha lentement du jeune chiot, mais resta suffisamment éloigné pour éviter le moindre coup d'épée. Il le contempla alors de ses deux yeux verts aussi froids que la pierre de jade. Zack se contenta de répondre avec un brin d'humour qui montrait à quel point des années à pourrir dans la Rivière de la vie n'avaient pu le changer. Il reproduirait sans arrêt les mêmes erreurs. Il mourrait encore pour les mêmes causes. C'était futile... Il restait, malgré tout ce qui avait pu se passer, le champion des causes désespérées.

« Mais tu n'peux pas te passer de préambule, comme à ton habitude, ajouta le toutou à la crinière aussi noire que hérissée. »

Zack Fair s'amusait-il à lui montrer les crocs ? Les lèvres du cauchemar se plissèrent et esquissèrent un sourire indéchiffrable que le petit chien ne put voir puisqu'il n'avait rien trouvé de plus intelligent que de tourner le dos à son adversaire du soir. Sans qu'on sache pourquoi, le monstre souriait... Peut-être par un élan de nostalgie qui lui rappelait le passé, les anciennes batailles livrées aux côtés de la jeune recrue d'Angeal, à moins que ce ne soit la grimace maline et sarcastique de celui qui prenait plaisir à torturer l'esprit des autres...

« Zack..., minauda froidement la voix, non sans une pointe d'amusement, Tu n'apprendras donc jamais rien du passé... »

Ce n'était pas une question. Pas encore... Ce n'était pour le moment qu'une simple constatation avant la véritable interrogation qu'il gardait encore prisonnière derrière les barrières de ses lèvres. La marionnette se posta avec nonchalance près du bar et s'y accouda tranquillement, laissant à nouveau le silence s'imposer. C'était important aussi ce néant, cette absence de bruit, pour laisser les mots se distillaient dans l'esprit du petit Zack qui s'était retourné pour le regarder à nouveau.

« Tu le sais que si la Rivière retrouve son cours tu devras y retourner, n'est-ce pas ?, ajouta le soldat avec une voix devenue soudainement blanche, Tu mourras... Zack... Encore une fois... »

Le cauchemar baissa le regard vers le sol, l'air meurtri, comme si soutenir le bleu de l'ancien camarade ne lui était plus supportable. Toutes les douleurs pouvaient s'exprimer avec des mots de la même façon que tous les maux pouvaient naître avec de simples paroles. Il releva lentement la tête et le fixa à nouveau, les yeux vides de tout espoir. L'heure de la question était venue.

« Pourquoi est-ce que tu fais toujours tout pour abandonner ceux qui te sont chers Zack ? souffla-t-il, Pourquoi est-ce que tu ne prends pas ça au sérieux et sauves pas ta peau... juste pour une fois ? »

Cloud avait tellement souffert de la première séparation. C'était presque cruel de lui en imposer une autre à rebours. Mais Zack était peut-être résolument trop stupide pour s'en apercevoir. Le jeu n'en devenait que bien plus intéressant...

What happened

to dreams and honor ?

La marionnette demeurait le souffle court en attendant une quelconque réaction de la part de son ami. La voix qui sortait de ses entrailles livrait sans ménagement le fond de ses plus forts ressentiments tout en déversant son venin autour de lui. En lui aussi... La tête blonde revoyait encore le corps de son ami s'effondrer sur le sol, s'empourprer avant de rendre son dernier soupir immortalisé par un éternel sourire... C'était toujours plus facile de banaliser la mort lorsqu'on n'était pas celui qui restait seul pour poursuivre le combat... Mais à quoi bon une vie à lutter éternellement ? Ne valait-il pas mieux fermer les yeux.. un peu... .. ou..bli...er.... ?...

« Ce que je sais, c'est que tu n'en sais rien tant que ce n'est pas arrivé. Si la Rivière retrouve bien son cours, techniquement, c'est que Jenova et toi avez échoué et donc, que ma mort serait marquée du sceau de notre victoire, Sephiroth. »

Et cet idiot continuait avec ses belles paroles... Cela donnait presque envie au cauchemar de rire. Cette souffrance qu'il ressentait dans ce corps était tellement... forte.. plaisante ! Il n'avait même pas besoin d'appuyer sur les cordes sensibles ; le brun s'en sortait très bien tout seul pour enfoncer davantage son ami dans les méandres des remords et du ressentiment. Il l'avait appelé Sephiroth. Lui aussi reconnaissait finalement l'évidence... la monstrueuse évidence... Le visage du monstre se fendit en une grimace mi-amusée, mi-blessée, comme si se mélangeaient dans cet esprit tourmenté douleur et plaisir de souffrir. Sa bouche resta aussi muette que ses oreilles refusèrent d'en écouter davantage.

« Et pour ton information, j'ai toujours été là, je suis là. Je ne t'ai jamais abandonné. »

Le pantin releva brusquement la tête et un reflet bleu clair apparu dans son regard. C'était comme un éclair dans le ciel malade de son esprit. Un éclair de colère de se faire sermonner ainsi. Colère aussi de devoir reconnaître que le hérisson avait raison...

Zack leva finalement son épée vers le plafond avant d'en diriger violemment la pointe vers le parquet du Septième Ciel où elle s'enfonça alors dans un craquement sourd. Le porc-épic s'approcha alors du monstre d'un pas décidé. Il ne le quittait pas du regard comme pour lui montrer que lui n'avait pas peur et ne baisserait jamais les bras. Ridicule... C'était ridicule ! Le cauchemar avait presque envie de lui accorder le bénéfice du doute pour le laisser encore un peu se noyer dans ce genre d'idioties. Peu importe le nombre de vies qu'on pourrait lui accorder, le petit chiot finirait toujours par mourir, lamentablement !

« Mais s'il est vraiment trop tard. Si je t'ai perdu, tue-moi maintenant, comme ça c'est réglé, je n'aurai pas à attendre. Cela vous fera plaisir à tous les deux, toi et ton... nouvel ami, fit-il en portant deux de ses doigts vers sa tempe pour la tapoter. »

C'était sa posture habituelle lorsqu'il voulait provoquer quelqu'un, le taquiner... Seulement... il était à présent très sérieux. Zack fixait maintenant son camarade avec davantage d'insistance et un air de défi dans le regard : « Alors ? Vas-y. »

Cela confirmait l'opinion que le cauchemar pouvait se faire du petit chien. Ce n'était qu'un idiot. Le bleu s'effaça à nouveau complètement du regard du blond qui leva le bras et pointa sa lame en direction de son nouvel ennemi pour le tenir à distance avant de lui porter le coup de grâce. L'imbécile allait enfin retourner patauger dans son adorable petite Rivière détraquée. Il allait pouvoir aller s'y cacher comme il l'avait toujours fait depuis ces dernières années. La grimace du monstre se mua en un sourire ravi. Le bras de la marionnette recula légèrement comme pour prendre son élan et frappa brutalement en direction de la nuque de l'ami.

C'était comme ça qu'il fallait se débarrasser des problèmes ! Même petits, ils finissaient toujours par devenir gênant !

Le sourire du cauchemar diminua lentement. Une douleur insoutenable lui tiraillait à présent les entrailles. Qu'avait-il fait ? Que venait-il de faire ?... Il serra les dents et grimaça à nouveau. Devant lui, le corps de Zack... Celui-ci se tenait toujours debout. Son bras s'était arrêté juste à temps et la lame ne l'avait qu'à peine effleuré. Dans le jade de ses yeux, une tâche de bleu laissa s'écouler doucement une larme désolée pour ce qui aurait pu se passer. Si le soldat ne se défendait plus, le jeu ne lui plaisait plus !

« Pitoyable, grinça une imitation de moins en moins convaincante de la voix de l'homme aux cheveux d'argent, Tu es pitoyable Zack Fair... »

Le pantin recula son arme de la joue du hérisson et pivota sur le côté pour, l'air de rien, le contourner. Mieux valait mettre fin à cet entretien avant que les choses ne tournent véritablement au vinaigre. Quelque chose en lui ne voulait pas affronter cet homme-là.

« Une prochaine fois peut-être, soupira-t-il, presque rassuré, Une prochaine fois... »

What happened

to dreams and honor ?

Dans sa fuite effrénée vers une situation plus stable, la marionnette ne prêta plus la moindre attention à son ennemi. Il fallait sortir, partir, quitter ces lieux trop douloureux, trop lourds de souvenirs. Il fallait fuir cet ami menaçant l'équilibre instable que son esprit tourmenté cherchait à recomposer. Le cauchemar avait bien compris cela. Ce genre de bras de fer ne l'arrangeait pas. Partir..

Comme on pouvait s'y attendre, le jeune chiot le retint d'un geste du bras qu'il accompagna de paroles provocantes pour contraindre la tête blonde à rester et à l'écouter. Zack insistait pour que Cloud l'achève et doive porter une nouvelle fois la responsabilité de sa mort. Le jade se mua dans un brouillard hésitant entre le bleu et le vert tandis que, la main tremblante, le pantin essayait de ranger son épée. Cet affrontement n'avait aucun sens.

« Fiche-moi la paix, protesta faiblement la pâle imitation de l'homme aux cheveux d'argent. »

Mais le jeune chien tenait bon, maintenant une pression sur l'épaule de sa proie comme pour emprisonner son esprit malade et le ramener à la réalité. Un dilemme impensable déchirait son esprit. Alors qu'il était enfin prêt à accepter sa véritable nature, l'horreur qu'il était, cet idiot de Zack insistait pour le ramener près de ceux qu'il pourrait blesser d'un moment à l'autre. Il fallait s'éloigner pour les protéger, mais si partir voulait dire terrasser d'abord cet ami qui prenait trop à la légère la situation ? La bouche de la marionnette se tordit en douloureuse grimace qui lui déforma à nouveau le visage. Que faire ? Où se réfugier à présent ?

Face aux grandes hésitations de son âme, la couleur bleu sembla prendre finalement le dessus. Le pantin leva légèrement la tête en direction de son ami pour voir que celui-ci dégainait son épée à son tour. N'était-ce finalement qu'une tentative de le manipuler pour mieux le tuer en traître ? N'était-ce pas le trahir alors qu'il ne demandait qu'à s'éclipser et laisser le brun en paix ? Le blond fronça les sourcils et laissa entrevoir à nouveau le reflet de jade qui ne semblait pas décidé à relâcher son emprise. La materia s'activa à nouveau dans un éclat violet qui repoussa violemment le traître, ce fourbe qui avait osait tenter de l'attaquer dans le dos !

Blessé en son for intérieur, l'ancien soldat décida de se ruer vers la porte pour quitter définitivement le paradis dans lequel il avait tenté de s'emmurer. L'enfer pouvait à présent lui faire face, il avait accepté la part d'ombre qui pouvait exister en chacun ; la sienne surtout, mais aussi celle de son ami qui avait essayé de le trahir une dernière fois. Dehors, une pluie torrentielle accompagnée d'éclairs gigantesques déchiraient le ciel.